Foi de Péry et de Xéna, la vie de château n’est pas vraiment de tout repos ! Mais d’abord, avant de vous faire le récit de cette Folle journée, permettez-moi de nous présenter.
Nous sommes mère et fille, de sangs mêlés puisque Blue point pour ma part et Chartreuse quant à ma jeune demoiselle.
J’ajouterai que, malgré nos allures princières, nous eûmes de pénibles débuts, menacées d’euthanasie au Portugal, triste sort dont nous tira Félix le bien-nommé. C’est lui qui, ce 28 août, nous emmena à Etelan dont nous attendions de grands plaisirs. Lui s’y rendait pour travailler, avec une partie de sa parentèle Boudier. Il nous lâcha donc dans le parc, qui ne résonnait pas encore de la musique promise, mais de grands coups de masse donnés par cette troupe familiale, casquée, à l’intérieur des anciennes écuries.
Des murs et des plafonds tombaient, ménageant des surprises (qu’on nous conta car nous ne mîmes évidemment pas nos jolies pattes dans cet enfer bruyant, sombre et poussiéreux) : on trouva, sous le toit, des portes avec n° et noms des occupants.
Occupants est bien le mot puisqu’il s’agissait évidemment d’une découverte remontant aux années 1940-1944, quand le château fut affecté aux services vétérinaires de l’armée allemande. Petit moment d’émotion de voir ressurgir, par ces noms, un pan de la très longue histoire d’Etelan.
Nous aussi avions des émotions, d’un tout autre ordre, car Ebène, chien du cousin Maxime, voulait faire l’aimable avec nous. Nous tentâmes de le semer, en pénétrant dans le château, où une jeune fille et une dame crièrent au loup, ou, pour être précis, à … la peur pour l’une, l’allergie pour l’autre. On crut bon de nous cloîtrer dans une pièce, qu’un distrait ouvrit, nous laissant fuir de nouveau. Finalement rattrapées, on nous concéda la cour de la ferme, d’où nous pûmes tout de même, perchés sur la dernière branche du plus haut des arbres, continuer à surveiller l’agitation de cette humanité laborieuse…