Le joyau du château d’Ételan

Dédiée à sainte Madeleine, particulièrement vénérée en Normandie, elle fait corps avec le château, dont elle est le joyau, pour de multiples raisons. Elle fut même comparée aux chapelles des châteaux d’Amboise et de Blois, par Jean-Benoît Désiré Cochet (1812-1875) qui, écumant tous les monuments de Seine-Maritime (alors dite Seine-inférieure) s’y arrêta évidemment (voir le document en bas de page). Cet intéressant personnage passa son enfance à Etretat, où il se prit de passion pour l’archéologie lorsqu’on y découvrit les restes d’une villa romaine. L’archéologie en était alors à ses balbutiements et il en fut un pionnier. Ordonné prêtre en 1836, il n’abandonna par pour autant sa passion dévorante, fouillant, publiant ses résultats sans dételer et nommé à juste titre inspecteur des Monuments Historiques en 1849 puis conservateur du musée des antiquités de Rouen, ville où il mourut et fut enterré (au cimetière monumental).

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Des vitraux du XVème siècle

La chapelle, classée Monument Historique en 1980, est remarquable à plus d’un titre, qu’il s’agisse de ses vitraux (du XV°siècle) que la famille Boudier eut la bonne surprise de découvrir dans des cartons de la cave car ils avaient été démontés au moment de la dernière guerre. Ils furent remontés en 1975 par le maître verrier Patrick Forfait

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Des fresques et des statues exceptionnelles

En 1976 la chapelle, qui n’était donc plus « ouverte à tous vents » bénéficia aussi de la canicule exceptionnelle car ses murs enfin secs laissèrent apparaître des fresques dont on ignorait complètement l’existence, derrière l’autel (qui est double car celui en bois en dissimule un précédent, en pierre). Des spécialistes vinrent les nettoyer, restaurer, dater.
Aux angles, de grandes statues polychromes attirent également l’œil. Celle de droite représente Marie allaitant Jésus. Le détail du sein visible permet d’être certain que cette œuvre est antérieure à la Contre-Réforme.
Sur la gauche, Jésus est avec Marie-Madeleine, au jardin des oliviers. Elle a hésité à le reconnaître, à cause de la pelle (qui n’est pas celle d’origine), lui faisant supposer, un court instant, qu’il s’agissait d’un jardinier (ou d’un fossoyeur ?)

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Des ornements intacts

D’autres éléments sont encore remarquables : un bénitier du XVI° siècle, une « piscine » du XVIIème et des boiseries Troubadour.
Il ne fallut pas moins de 17 années de travaux pour restaurer cette chapelle, dont la porte d’entrée est gardée par deux gargouilles. Il existe une autre porte, plus modeste, à l’intérieur, qui permet de rejoindre directement le grand salon. Et les travaux de la salle d’Esquetot (à l’étage du château) permirent de découvrir qu’une 3° porte existait, murée à une date inconnue. Elle permettait aux propriétaires ou visiteurs de marque de pouvoir suivre la messe d’en haut, sans se mêler à la « piétaille » d’en bas ! Cette porte sera peut-être un jour rouverte. Mais un Trompe-l’œil donne déjà une idée de ce qu’elle permettait de découvrir :

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L’abbé Cochet

En 1846, Jean-Benoit Désiré Cochet, célèbre archéologue français d’origine normande, publie « Les Églises de l’Arrondissement du Havre » dans lequel il porte la chapelle du château au pinacle:

« Nous avons admiré avec un plaisir bien vif les chapelles des châteaux de Blois, d’Amboise et de Chenonceaux, et nous ignorions que dans notre propre patrie, sur les bords de cette Seine qui nous a vu naitre, se trouvait une petite merveille digne en tout point de leur être comparée, digne peut-être de l’emporter sur elles.»

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Avec force de détails, l’Abbé Cochet s’extasie face à l’incroyable état de conservation des ornements de la chapelle. La même stupeur frappa la famille Boudier lorsqu’elle découvrit plus d’un siècle plus tard les vitraux intacts soigneusement protégés dans la cave du château. Les autres ornements auxquels l’abbé fait allusion dans ce recueil – le bénitier, la pavage en terre cuite, la piscine, les lambris en bois de chêne, les sculptures – sont, eux-aussi, toujours intacts.