Parmi les pierres séculaires du Château d’Ételan, certaines portent les marques visibles du temps, d’autres conservent en silence les souvenirs enfouis. Aujourd’hui, c’est l’un de ces souvenirs que nous vous proposons de redécouvrir : la toute première page du Livre d’Or du château, inauguré en 1878 par un poème signé de L.F. De Fourey et dédié à Monsieur Louis Desgenetais, alors propriétaire du château. Il marque le début d’un registre précieux, dans lequel se sont inscrits pendant plus de soixante ans les mots de visiteurs, d’amis ou de simples amoureux des lieux.

Ce premier texte, à la fois élégiaque et empreint de révérence, célèbre la résistance du château face aux assauts de l’histoire : la violence des hommes, les ravages du feu, l’oubli des générations. Il évoque les arbres renversés, les fastes effacés, les grands noms disparus… mais s’arrête sur un symbole d’espérance : la chapelle.

Les siècles ont gravé leur cachet sur ta pierre,
Etelan … autour de ta faulx meurtrière,
Le temps a tout frappé.

La hâche du Vandal, arme de la terreur,
L’incendie étendant sa sinistre lueur,
Ne t’ont pas épargné.

Les arbres de ton parc, tes longues avenues,
Tes bosquets, tes massifs, tes futaies touffues,
Ont été renversés.

De tes nobles seigneurs qui donc a souvenance ?
Princes, Ducs, Maréchaux, Ministres, Pairs de France,
Ils ont tous oubliés !

Mais comme une arche sainte à l’abri des naufrages,
Dominant les ruines et bravant les orages,
Ta chapelle est restée.

Devant le doigt de Dieu courbons nous en priant,
Dans ce sanctuaire, témoignage vivant,
De ta splendeur passée….

Par Basile Boudier

Publié le mardi 8 juillet, 2025